Colloque « Détroits en guerre » les 14 et 15 octobre 2024 – École Militaire de Paris

Cette manifestation scientifique est organisée par Nantes Université (CDMO), l’Université du littoral Côte d’Opale (ULCO- UR TVES et LARJ), le Service Historique de la Défense (SHD) dans le cadre du Projet ANR DéCoDé (Défis Contemporains des Détroits, 2024-2027), avec le soutien du Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM) et du GIS Histoire et Sciences de la mer.
 
Les détroits sont depuis toujours perçus comme des marches, des portes d’entrée ou comme des espaces centraux intégrés à un ensemble plus vaste tel l’Hellespont dans les aires grecque et hellénistique. Ils constituent très tôt des vecteurs privilégiés assurant la circulation de populations et de forces militaires, de marchandises et de maladies, de technologies et d’idées. Ce caractère nodal fait des détroits et autres points de passage maritimes des lieux stratégiques pour les pouvoirs souverains qui tirent leur puissance du contrôle des flux. La conflictualité sur mer tend dès lors à se fixer autour de ces goulots d’étranglement, que ce soit à des fins de ravitaillement, de projection de puissance ou de déni d’accès. La tentative de forcement des Dardanelles en 1915 ou les anticipations actuelles autour du franchissement du détroit de Taïwan en attestent. La question du contrôle de ces points de passage et de leurs infrastructures (ports, flottes, batteries, ponts, tunnels, câbles sous-marins) se pose à toutes les époques, de même que celle des modalités opératives, tactiques et logistiques de leur prise ou de leur défense. A l’interface de l’exercice des souverainetés nationales et du droit de passage, l’usage de ces espaces en temps de guerre est aussi au cœur du droit de la mer et du droit des conflits armés.
L’approche historique permet de mettre en perspective et de nuancer la nouveauté apparente de la conflictualité qui tend, au début du XXIe siècle, à se cristalliser autour de ces points de passage. Le cadre normatif multilatéral et, au-delà, le mode de régulation des relations internationales inspiré par l’Occident, sont remis en cause par des compétiteurs assumant le retour à des politiques de puissance. L’accélération des mutations technologiques tend à renouveler les capacités de déni d’accès des Etats riverains mais aussi de nombreux acteurs infra ou paraétatiques soutenus par des puissances, comme le montre la crise en cours dans le détroit de Bab el-Mandeb. Afin de saisir au mieux la complexité de cet enjeu, il s’agira de croiser le regard d’académiques, d’experts et de praticiens civils et militaires tout en confrontant les approches historiques, géographiques, juridiques, économiques et opérationnelles. Dans un premier temps, on replacera les détroits dans le temps long des rivalités géostratégiques puis, on s’intéressera aux modalités opérationnelles de leur contrôle en temps de guerre au fil de l’histoire. Dans un second temps, éclairé par cette mise en perspective, on abordera les enjeux actuels et à venir, tout d’abord en étudiant les dimensions matérielles, juridiques et logistiques et, ensuite, en se concentrant sur les principaux points de tension au début du XXIe siècle.
 
Contacts :
Frédéric DAVANSANT : frederic.davansant@univ-littoral.fr 
Delphine GROUX
Pôle de Recherche HTI / Laboratoire TVES
Université du Littoral Côte d’Opale
21 quai de la citadelle – BP 55528
59 383 Dunkerque Cedex 1
Tél. 03 28 23 71 02
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