Impact d’une exposition aux microplastiques sur le microbiote intestinal des moules

ANSES LSA, LOG
Li Luen-Luen, Amara Rachid, Soussi Sami, Dehaut Alexandre, Duflos Guillaume, Monchy Sébastien, 2020. « Impacts of microplastics exposure on mussel (Mytilus edulis) gut microbiota ». Science of the Total Environnement 745.

https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.141018

Les microplastiques (particules plastiques de taille < 5 mm) sont une nouvelle catégorie de contaminants qui se retrouvent dans les écosystèmes du monde entier, et plus particulièrement dans l’environnement marin qui est souvent le réceptacle final des polluants. En raison de leur petite taille, les microplastiques peuvent être ingérés par un large éventail d’animaux marins (mammifère, poissons…) et d’organismes filtreurs (moules, huîtres…). L’ingestion de ces microplastiques peut provoquer des altérations de la santé, de la digestion et de la nutrition de ces espèces marines en causant des dommages mécaniques au niveau du tube digestif et/ou en relarguant des composants chimiques associés à la formulation du plastique. Les microplastiques peuvent également servir de vecteur pour le transport de polluants environnementaux et de micro-organismes pathogènes attachées à leur surface.

Dans ce contexte, nous avons étudié l’impact sur le microbiote intestinal de l’exposition de la moule bleue (Mytilus edulis) aux microplastiques. Pour cela, des moules ont été exposées pendant 6 semaines à des particules microplastiques « vierges » ou « vieillies » (un mois dans de l’eau de mer), à deux concentrations, l’une réaliste (0,2 mg L-1), l’autre élevée (20 mg L-1) mais cohérente avec les projections de contamination à long terme. Suite à cette exposition, le microbiote intestinal des moules a été déterminée par séquençage à haut débit du gène de l’ARNr 16S. Par rapport aux moules non exposées, une dysbiose (altération du microbiote intestinal) a été observée après 1, 3 et 6 semaines d’exposition, et persistait toujours 8 jours après la fin de la période d’exposition aux microplastiques. Cette dysbiose intestinale était d’autant plus prononcée que les moules étaient exposées à des microplastiques vieillis et/ou exposées à la concentration en microplastique la plus élevée. Par ailleurs, des micro-organismes pathogènes humains potentiels ont été trouvés en plus grand nombre dans l’intestin des moules exposés aux microplastiques.

En conclusion, nos résultats ont démontré l’impact d’une exposition aux microplastiques sur le microbiote intestinal des moules et suggère des répercutions sur la qualité des aliments, la sécurité alimentaire, et sur l’équilibre microbien dans l’écosystème marin avec de possible conséquences sur le fonctionnement global du réseau trophique.